Dimanche 2 Mars, Ultra-Trail de Vulcain (81 km, 3000m D+)
C’est le premier rendez-vous de la saison, et nous allons une fois de plus nous retrouver entre frangins.
Mais cette fois, nos ambitions sont bien différentes :
Vincent est à court d’entrainement et fatigué par ses débuts à son nouveau poste, son déménagement et les préparatifs de son mariage. Il est clair pour lui que l’objectif principal est de rallier l’arrivée en prenant du plaisir, si possible à une place correcte.
En revanche, après ma saison dernière axée sur l’apprentissage du trail, je cherche maintenant optimiser les performances. Je me suis donné du mal à l’entrainement, ai perdu quelques kilos et suis depuis quelques semaines en très bonne forme. Une place au-delà des 20 premiers me décevrait, et j’espère même secrètement, avec un peu de réussite, une place dans les 15, voire les 10. Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai le couteau entre les dents !
Seule ombre au tableau, cela fait plus d'un mois qu'Ariane nous fait nous lever 1, 2, voire 3 fois par nuit…et c’est vrai qu’en ce moment j’ai sommeil dès la fin de l’après-midi…Je refuse de me l’avouer, mais il y a un risque que je ne sois pas suffisamment reposé pour une course comme celle-là, alors que, et c'est l'enseignement majeur tiré de la saison dernière, c’est primordial…
5h du mat’, froid (-2°C au départ, -5°C un peu plus haut) mais très beau temps.
Les jambes répondent bien dès le starter, je me sens léger, à l’aise.
Comme prévu je pars donc « raisonnablement vite ». Le but est de me donner de la marge et de me positionner, avant de baisser un peu le rythme pour m'économiser. On déterrera la hache de guerre à partir de la mi-course…
Je me retrouve rapidement 10è, accompagné par 3 autres concurrents. La première heure se passe comme sur des roulettes.
Il est temps de lever le pied, je laisse partir mes acolytes et adopte un rythme plus économique. Un concurrent me rattrape, que je laisse prendre un peu d’avance. 30 minutes plus tard, je suis toujours 14è, tout roule.
Et soudain, panne moteur.
Jambes de plomb, envie de dormir, frilosité inhabituelle
La toute petite douleur que je sentais depuis 2-3 semaines au côté droit devient une grosse douleur qui irradie dans le bas du dos et les abdos.
J’arrive au ravito km 20 en ayant limité la casse mais le moral dans les chaussettes.
Je suis fatigué comme si j'avais déjà couru 60km. Je continue jusqu’au km 31, pied du Puy de Dôme, à un rythme lent et entrecoupé de pauses…Je suis au-moins 35è, sans espoir raisonnable de relancer l’allure. Je doute même pouvoir terminer, et de toute façon le résultat sera très loin de mes attentes. Une décision que je n’avais même pas envisagée prend forme.
J’attends Vincent, qui, plus fatigué que prévu, se traine plus qu’il ne s’amuse. J’espère qu’il arrivera à me remotiver pour au moins essayer de terminer avec lui. Surpris de me voir, son visage change, je comprends instantanément quelle est l’issue.
Résignés, nous montons quand même le Puy de Dôme : il fait un temps radieux, nous allons au-moins profiter un peu de la vue !
Le comble : 5 minutes avant d’arriver au sommet, un nuage vient s'empaler dessus et nous plonge dans le brouillard !
Nous redescendons en trottinant, jusqu’au ravitaillement km 36. La navette est sur le parking…
Game over.
Visite chez l’osthéo : le verdict est clair, c'est une tendinite du fascia lata au niveau du bassin (pas au niveau du genou, qui est la fameuse TFL bien connue des coureurs), assortie d'une grosse tension du psoas iliaque…nouvelle visite prévue la semaine prochaine, en espérant une guérison rapide.
Prochain objectif : Ultra-montée du Salève le 12 Avril Je n'ai pas trop de douleur à la montée, d'ici là j'espère donc récupérer, dormir, et faire un peu de dénivelée ! Vincent, lui, ne fera pas une grosse performance, c'est sûr...son enterrement de vie de garçon pourrait bien débuter à ce moment-là...chut !