Perce Roche – 01/05/2022
25km-1600m D+
Voici un nouveau trail court pour cette saison, dans les
montagnes de la Baume et de Gache, au-dessus de Sisteron. A part un petit
morceau derrière la montagne de Gache, je connais ces sentiers par cœur,
puisque ce sont ceux de mes entrainements quotidiens !
Le briefing de la veille au soir à la maison a eu lieu :
on est dimanche, alors aucun marsupial n’est obligé de se lever avant 8h du
matin, la bamboula n’est pas obligatoire non plus !
Je croise quelques visages connus, à la fois chez les participants
et chez les bénévoles, ce qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, me
permet de gagner en sérénité avant le départ.
Départ 8h, il fait frais, mais la météo s’annonce idéale, et
l’adrénaline du départ aidant, la sensation de froid disparaît bien vite.
Une petite boucle de 3km en préambule, histoire de monter
les 258 marches de la citadelle, et de tournicoter à la redescente par les « traboules »
de Sisteron.
On traverse le pont de la Baume, et on attaque la première
vraie difficulté du jour, la montée de la Baume par la grotte du trou d’argent.
Je suis aux alentours de la vingtième place, et j’essaie de gérer cette montée exigeante
de manière à ne pas y laisser trop de plumes…tout en ayant un rythme convenable
pour une course de ce format. Je reprends 2 places.
Près du sommet, les grottes du trou d’argent. Le bénévole
qui est à l’entrée a mis de la musique, j’entre dans la grotte au son du « Jump »
de Van Halen. Top !
L’avantage de bien connaître : je sais où le plafond
est moins bas (même si aujourd’hui c’est éclairé), je n’hésite pas à courir à 4
pattes plutôt que rester courbé dans les 2 ou 3 passages les plus exigus.
Sommet en 38 minutes sans être au taquet, c’est à plusieurs minutes de mon
record mais c’est bon signe.
Descente sur le col de Mézien et on rattaque sans transition
avec la remontée sur Gache. Montée en palier compliquée à gérer de manière
optimale. J’ai 2 concurrents dans le viseur, mais les 3 qui me collent aux
basques depuis le pont de la Baume se sont rapprochés aussi. Nous sommes 6 à
nous tenir en 30 secondes au début de la ligne de crêtes, qu’on suit sur un
petit km avant de descendre franchement sur le défilé de Pierre Ecrite.
De nouveau de la musique : cette fois, c’est « The
final countdown » d’Europe ! Alors là, en plus d’un parcours superbe,
on a de la musique parfaitement à propos ! J’adore !
Un passage très technique et très lent, puis quelques
éboulis à descendre en mode dérapage comme dans la neige poudreuse…et nous
voici quasiment groupés !
Dernière montée, plus courte, moins raide et mois technique
que les précédente. Il faut y mettre la puissance qui nous reste : la fatigue
est bien présente et aucun de nous n’arrive à mettre beaucoup de fréquence. Par
contre, le travail à vélo paie et je parviens à mettre plus de force, plus de « braquet ».
Il n’en reste qu’un devant moi, qui a descendu les éboulis comme un chamois.
Il ne reste presque plus que de la descente jusqu’à l’arrivée,
et c’est plus roulant. Alors je mets du braquet. « Bien joué », me
souffle-t-il quand je le passe à longues enjambées qu’il n’arrive plus à enrouler.
Je l’encourage autant que je m’encourage moi-même, alors que je sens les
crampes arriver : « Allez viens, c’est pas fini, on peut se
tenter la barrière des 3h ! ». Mais je vais un peu plus vite que lui,
c’est irrémédiable.
Arrivée au col de Mézien, il ne reste qu’à descendre sur
Sisteron. A force d’allonger, je suis sur les talons d’un autre concurrent…Il
me voit, ça lui met un coup de boost alors il se défend ! Je reviens à 20m,
mais je suis obligé de m’arrêter 5-6 secondes pour étirer un mollet qui
crampouille…
Puis je reviens à 20m, re-crampouille, 5-6 secondes, je
reviens à 20m à la sortie du pont de la Baume…Jérôme et Stan ont beau essayer
de me persuader que je n’ai pas mal, je re-crampouille en bas des escaliers.
Nous sommes quasiment revenus sur un autre concurrent, mais cette fois je suis
trop court, j’ai maintenant 400m à travers le parc du plan d’eau avant l’arrivée
pour reprendre 50 ou 60m. Tant pis : je jette un coup d’œil derrière pour
être certain de pouvoir me relever, je ne vois personne et tant mieux ;
Je franchis la ligne en 3h02, à la 13è place, 2è de ma
catégorie, un classement quasiment optimal finalement !
J’enlève mes
chaussures pour enlever les petits cailloux qui me piquent depuis la descente
dans les éboulis et rafraichir mes pieds qui, le laçage s’étant un peu
desserré, ont bougé et se sont sérieusement échauffés. Je papote un peu, il se
passe quelques minutes, puis me retrouvant tout seul, je décide de remettre mes
chaussures pour aller boire une bière. Le réconfort après l’effort…mais je fais
une erreur stratégique : j’essaie de remettre mes chaussures tout seul depuis
une position debout !
La crampe me
foudroie littéralement sur place. Impossible à faire passer seul cette fois-ci,
je me tortille par terre, entre deux grimaces je fais signe à un concurrent de
l’autre parcours qui s’arque-boute sur mon pied pendant au-moins 3 minutes
tellement le mollet est dur comme du bois. Merci à mon sauveur, je peux aller
prendre ma bière !!
Nicolas