mardi 15 juillet 2008

Compte-rendu de l'Arvan-Villards

Lundi 14 Juillet
110km seulement, mais 3600m de dénivelée positive !!
Cette cyclosportive est réputée pour être parmi les plus exigeantes de France, on va bien voir si je suis remis de la Marmotte !

Le circuit est toujours le même, mais tous les ans le point de départ (et d'arrivée) change, ce qui modifie donc l'ordre des difficultés.
Cette année nous partons depuis la station du Corbier, ce qui donne pour les ascensions : Montvernier, Col du Glandon (puis Croix de fer), Col du Mollard, Ascension jusqu'au Corbier.


Le temps a été exécrable tout le week-end que j'ai passé au col du Mollard, mais une amélioration est prévue pour ce lundi...Lorsque je me réveille à 6h15, ce n'est guère encourageant : il a neigé à 2300m, là où je suis il pleut, tout est bouché...
Toujours pareil 2h après au Corbier...L'amélioration n'est prévue que pour la fin de matinée alors l'organisation décide de retarder le départ d'une demi-heure (c'est toujours ça) et de supprimer la montée vers Montvernier pour raison de sécurité : ce n'est pas une grosse difficulté (4km) mais la descente comporte 19 lacets en 3km !!


Tout le monde grelotte sur la ligne de départ. Le départ est donc donné sous la pluie, avec comme recommandation de descendre prudemment !
3 ou 4 km pour se chauffer (si on peut dire) en faux-plat montant jusqu'à La Toussuire (1800m), et on plonge vers St-Jean de Maurienne pour 18km. Je n'ai que mes roues carbone, et ne les ai jamais mises sur route mouillée (détrempée même) : au premier freinage, je me fais une frayeur : il faut plusieurs tours de roue pour que les patins chassent l'eau, puis le freinage a lieu !
Je réalise donc ensuite une descente particulièrement lente, au cours de laquelle je vais concéder près de 3 minutes à la tête de course (une quinzaine de coureurs) !!

Phénomène inexpliqué, je sens mes cuisses chauffer !!!! Qu'un médecin m'explique : je n'ai pas mis de crème chauffante, je suis en cuissard court et ça caille, et mes cuisses chauffent !!!


A St-Jean je suis 200m derrière un autre groupe, en quarantième position environ. Je dois donc produire un effort sur la seule partie plate (10km) de la journée.


Dès les premières rampes du Col du Glandon (20km), je lâche tout mon groupe. Je ne suis jamais monté aussi vite à cet endroit (16-18km/h), alors je me dis : "calme-toi, sinon tu vas morfler dans pas longtemps". Mais les sensations sont excellentes, le coeur ne s'emballe pas trop, j'arrive à garder ce rythme jusqu'à mi-pente (St Colomban-les-Villards) en restant à 171-173 bpm.
La deuxième partie du col est très difficile, mais j'avale les pentes raides dans les bois à près de 14km/h. Le coeur est à 175-176bpm, les sensations toujours excellentes, je suis sur le 39x21 et je rattrape les 2 premiers lâchés du groupe de tête ! Ils prennent ma roue un moment, mais les fameux 3 derniers km du col arrivent. La pente avoisine les 13-14%, je passe le 23 dents mais je suis toujours à 12km/h, les 2 sont lâchés. Dans le dernier km je commence à avoir plus de mal alors je ralentis un peu (11km/h) en passant mon dernier pignon (25 dents).

1h14 pour cette ascension.

La pluie s'arrête !!

Restent 2.5km beaucoup moins raides pour atteindre le col de la croix de fer : je distingue 2 autres concurrents 1'30 devant moi, alors je force, pour essayer de les reprendre avant le col.

Mon père et ma Chérie sont venus jusque là pour me ravitailler, j'attrape un bidon... ehh oui, je suis en avance !
Je rejoins les 2 juste en arrivant au sommet, et ils s'arrêtent au ravitaillement "officiel". Je bascule donc seul, en 12ème position. La route n'est plus détrempée (seulement mouillée), et je connais très bien cette descente : je ne perds donc pas beaucoup de temps, et je reste seul en abordant le raide col du Mollard (6km à 8-10%).


Il n'était pas prévu d'autre ravitaillement pour moi, mais ma "voiture suiveuse" du jour a décidé de ne pas s'éloigner trop ! Un vrai luxe d'avoir des encouragements régulièrement et des écarts sur ceux qui me précèdent et ceux que je viens de lâcher !
Par contre je coince un peu en ce début de col, car cette fois, le froid a fait son oeuvre dans la descente : j'ai la jambe gauche très dure, presque tétanisée, et derrière l'écart diminue : 1 minute ! Presque 2 minutes sur celui qui me précède. Heureusement ça va mieux dans les 2-3 derniers kms et l'écart remonte un peu : 1'30 derrière moi au sommet...et 1'40 devant.

La descente : je la connaît par coeur, et la route est presque sèche ! La voiture ne me rattrape que dans les lignes droites finales !!
Tout de suite après, on attaque la montée finale de 15km sur Le Corbier. Et je le vois ! le 11ème est là juste devant...enfin vu la pente et la ligne droite, il y a une bonne minute. Apparemment je lui ai repris du temps dans la descente d'ailleurs !!!


L'animal n'est pas mort, je dois monter à 175-178 bpm, 15km/h pour voir l'écart se réduire...autant dire que je ne gère plus.
Les encouragements de mon père et de Julie sont fréquents : tous les km environ, ça motive ! Et il faut bien ça parce que je grapille mètre par mètre, et pas dans la facilité : je vais mettre environ 7km pour le rejoindre !!
Je viens de faire un bel effort, les cols précédents commencent à peser lourd dans les jambes. Si je le dépasse, il va se mettre dans ma roue (la différence de vitesse est faible)...Je me cale direct dans la sienne pendant 1km, puis nous nous prenons quelques relais.


Je fatigue sérieusement, le coeur ne redescend plus (178-180).
Début de crampe...qui passe rapidement...ouf, il n'a rien vu.

A 2 km du sommet, j'accélère un peu, il lâche de quelques mètres...je suis au taquet, mais il revient à l'énergie ! Merde, c'était mon va-tout !

Dernier km, mon père nous dit : "Vous vous battez pour la 11è place"
Mêlant bon esprit et soupçon de bluff, je dit à mon adversaire, imitant un commentateur : "les deux coureurs se regardent, la tension monte..."
C'est vrai qu'on monte moins vite, mais on ne se regarde pas, non non, je dirais plutôt qu'on est morts ;-))


Il se marre.

800m...il accélère un tout petit peu, je perd quelques mètres à mon tour
Je reviens à l'énergie
A l'intox, je prends un relai

300m de la ligne, on entend un coup de klaxon : c'est mon père
"Faut que tu attaques" commente, souriant, mon adversaire

Je me marre...

Ben oui, il est largement temps d'attaquer ! Si je le fais il craque
Sauf que je ne peux pas
S'il le fait je craque
Sauf qu'il ne peut pas non plus
Ca se fera donc le plus tard possible

100m, il lance le "sprint" avant moi
Il a un braquet un peu plus gros, et je n'en peux plus
Il est 11è
Je suis 12è.

4h23
Le 10è n'était plus qu'1 minute devant nous ! Ce duel à couteaux tirés a bien failli nous le faire rattraper !
Finalement, la Marmotte m'a été profitable, je suis très satisfait, d'autant que c'est de loin ma meilleure performance sur cette épreuve !


Et ça y est, il fait beau !


Nico

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