Trail de l’Etendard – 31 Juillet 2022
65km, 3900m D+
Ce trail revêt une dimension affective pour moi, c’est le
lieu de mes premières randos de gosse, avec le ramassage des myrtilles dans le
col de la Croix de Fer, de mes premiers cols à vélo, de mes leçons de ski, de
mes premières sorties de ski de rando, avec justement l’ascension du pic de
l’Etendard.
Ed, tu feras suivre mes remerciements à Audrey, kinésiologue
et formatrice, qui m’a convaincu du bénéfice de cette technique sur la
performance sportive. Malgré les aléas, les douleurs, la fatigue, j’ai pu vivre
ce trail pleinement, sereinement…comme dit la chanson, en apesanteur.
Les aléas, justement, c’est cette douleur tenace au talon gauche, sensible
au simple contact avec la chaussure. Dès le départ je la ressens, elle me fait
mal en montée, en conséquence rigidifie le pied et la cheville, m’empêche de
descendre correctement.
Je crois avoir trouvé une parade en ne serrant pas beaucoup mes
chaussures (mes nouvelles Dynafit me tiennent justement très bien l’avant-pied
et permettent un serrage moindre), mais le terrain est très technique et c’est
la cheville qui partira plusieurs fois en entorse.
Je retrouve Ludovic Valentin au départ, le responsable de la
société de chronométrage LVO, que je connais des épreuves cyclosportives
auxquelles j’ai participé et dont il assurait déjà le chronométrage…il y a plus
de 10 ans. Petite discussion sympa de 2 vieux qui se retrouvent et se
rappellent le bon vieux temps 😊
Et une pensée pour « Coach » qui a commencé une
longue ré-éducation après sa rencontre inopinée en vélo avec une voiture !
Départ 6h, le temps est idéal, même si la chaleur risque de
peser lourd. L’organisation, du reste absolument parfaite, a rajouté des points
d’eau, dont nous nous servirons amplement !
Le parcours : intégralement dans le massif des grandes
Rousses
D’abord 2000m de dénivelée positive d’une traite jusqu’au
col du Couard à 2700m, juste sous le pic du lac blanc (km 21), puis une
traversée très technique le long des 10 ou 12 lacs, avant de redescendre en
hors sentier à 1600m au lac de Grand-Maison (km33).
Nous sommes 6 ou 7 à intervertir nos positions au gré des différences
de gestion entre les uns et les autres. A cause de ce talon, je n’ai pas le
pied agile, je me contente de gérer la descente, compliquée, avec les autres. Frustrant
parce que j’en ai physiquement sous le pied.
C’est au km 30 que la cheville part une première fois.
Chute. Je me fais très peur parce que je me relève en boitant et que la douleur
persiste plusieurs minutes. Je change ma stratégie en resserrant les
chaussures, mais cette grosse alerte m’a un peu tétanisé : le temps de
retrouver mes marques, la cheville repartira 4 fois, moins fort parce que je me
méfie, mais suffisamment pour que la douleur persiste ensuite.
J’ai perdu un peu de temps, ce qui a permis à la première
féminine de pratiquement revenir sur moi. Je l’entends crier un peu au-dessus
de moi…elle vient elle aussi de tomber et s’est apparemment fait mal, elle
boîte. Je m’arrête et remonte un peu pour voir si elle a besoin d’aide. Elle
vient aussi de se refaire la cheville, mais ce n’est tout compte fait pas
grave, et c’est le cadet de ses soucis. Plus embêtant, elle s’est tapée au
niveau des côtes, un peu comme ce qui m’était arrivé un jour de Trail de la
Sainte Beaume : cela peut-être un muscle intercostal, une fêlure à une
côte…Le résultat est que les chocs sont rapidement insoutenables, il devient
quasiment impossible de courir et de descendre, même en marchant. La
malheureuse Christine Denis-Billet sera contrainte à l’abandon un peu plus loin,
au col de la croix de fer.
Je réalise une assez bonne traversée le long du lac de
Grand-maison (pas du tout plat), puis une bonne remontée sur le col de la Croix
de Fer, qui nous voit arriver à 6 groupés. J’adore ce col, le panorama sur les
aiguilles d’Arves et la Meije d’un côté, sur la chaîne de Belledonne de
l’autre, est à couper le souffle.
Montée très longue jusqu’à 2700m, au pied du majestueux
glacier du pic de l’Etendard, avec une longue partie hors sentier dans les
éboulis. L’allure est lente, parce que c’est technique mais aussi parce que la
fatigue est là, et que les effets de l’altitude finissent par peser (nous avons
passé presque toute la course à plus de 1800-2000m). Malgré la douleur à la
cheville, je savoure néanmoins chaque mètre parcouru.
Je suis apparemment un peu plus frais que les autres car je
pars devant, creusant des écarts qui ne seront ensuite pas comblés. Je suis 12è
et le resterait jusqu’à l’arrivée.
La descente depuis le glacier (2700m) jusqu’à Saint-Sorlin
d’Arves (1500m), d’abord le long des lacs de l’Etendard jusqu’au refuge, puis
sur le col de la croix de fer pour la 2è fois du jour (yes !) puis jusqu’à
St-Sorlin, est assez technique. Je m’aide de mes bâtons pour soulager les
appuis sur le pied gauche, et je m’en sors potablement, même si j’ai le regret
de ne pas être en capacité de descendre plus vite.
L’arrivée est proche, mais je me rends compte qu’il manque
une dernière chose pour bien remplir la journée : j’y remédie en trouvant
le moyen de faire une petite erreur de parcours dans Saint-Sorlin même, à 300m
de la ligne ! Pourtant, le balisage était là, mais la lucidité un peu
moins, apparemment.
Bref, j’arrive à trouver la ligne, et geste sympa, je suis
accueilli par Ludovic lui-même. Re-discussion, mais beaucoup plus
atypique : un qui parle, l’autre qui essaie de répondre, plié sur ses
bâtons en essayant de retrouver son souffle. Journée riche en fatigues et en
émotions !
Mention spéciale à l’organisation et aux bénévoles : ce
trail est splendide, difficile à souhait (il vaut largement d’autres trails
d’un kilométrage supérieur), rien ne manque, ni les balisages (d’autant plus
difficiles à mettre en place hors sentier), ni les ravitaillements, tenus par
des bénévoles aux petits soins, qui vous accueillent avec le sourire et ne manquent
jamais de vous encourager.
Nicolas
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