dimanche 7 novembre 2021

OTT 2021

 Samedi 17 Juillet 2021

OTT, 86km, 4900mD+


Salut à tous,

Un compte-rendu du trail de samedi…Bonne lecture (un peu longue peut-être)

 

Avant-course

 

Lundi 12 : montée de Chamrousse à vélo, dernière séance avec intensité mais sans taper dedans, juste pour être fixé sur l’état des jambes et du cardio : je grimpe à 15 à l’heure, ça rassure

 

Les 3 jours suivant, il fait un temps de cochon…Je comptais sur les balades en famille pour maintenir une petite activité, ce sera repos complet, avec décharge mentale en famille !

 

Un grand moment de solitude jeudi, au moment de mettre une paire de chaussures neuves, histoire qu’elles touchent le sol avant le trail…J’avais commandé par internet le même modèle que d’habitude (pas d’improvisation de dernière minute avec un nouveau modèle !) et vérifié à réception la chaussure droite, juste pour vérifier qu’il y avait bien une étiquette « taille 44 ».

Rassurez-vous, la chaussure droite allait toujours, mais la gauche…est une droite, de Taille 42.5…Horreur !!! Pour Salomon, il fallait un contrôle complet et non une simple identif à réception !!

Heureusement, « Business continuity » oblige, j’ai toujours absolument TOUT en double, y compris le plus improbable, comme…les chaussures. Je vais donc utiliser ma « vieille » paire, un peu tassée mais encore en assez bon état.

 

Plus on approche du départ, plus reviennent en boucle les certitudes, doutes, impatience, inquiétude :

Certitude de ma forme du moment, et impatience d’aller participer à la première vraie épreuve depuis Juillet dernier, qui plus est sur un parcours magnifique, sur les lieux de mes premières randos de gosse !

Certitude que je vais en baver, qui se mue dans les dernières heures en une vraie appréhension; pourvu que je ne sois pas dans un jour « sans » !

Les filières mentales sauront-elle prendre le relai lorsque le physique ne suffira plus ?

 

La tension monte d’un cran pendant les dernières heures…stress et concentration, notamment pendant le trajet d’1h en voiture qui m’emmène à 22H de Chamrousse au départ à Villard-Reculas. Je suis tout seul et ça tombe bien : je n’ai pas du tout envie de parler.

Je sais que cette tension ne va pas me lâcher jusqu’au départ, mais qu’elle disparaîtra dès les premiers kms.

Je passe la dernière heure avant le coup de pistolet, grâce à des exercices de respiration, mais sans m’endormir, à gratter un peu de repos, trouver du relâchement, rassembler mes forces…

 

Je recherche ma course idéale. Pour cela, je vais devoir trouver la limite, fine, entre le « pas assez » et le « trop ». La course est très longue, mais tout peut tenir à tellement peu de choses…

Le départ à minuit et les conditions météo incertaines rajoutent une part d’incertitude et viennent compliquer le tout ; Il va faire froid, on sera probablement mouillés, cela va laisser des traces. L’excès de dépenses se paiera cash en 2è partie de parcours.

 

0h01 – La course

 

Premières impressions : je suis dans un bon jour, les jambes sont légères, je trouve ma place dans les 20 premiers, sans forcer. Je trouve mon rythme rapidement.

Je gère les montées gentiment, perdant toujours 2 ou 3 places, que je récupère dans les descentes. Les pieds se posent comme il faut, tout roule.

 

Terrain très gras à cause des pluies des derniers jours, heureusement le temps tourne au sec juste avant le départ. Restent des nappes de brouillard dont l’humidité perce les vêtements. J’ai mis une veste imperméable et suis trempé en peu de temps par ma propre transpiration, mais je n’ai pas froid.

Un plat-dos au km28 : j’étais jusque-là bien content de mon état général, me voici trempé et maculé de boue.

 

Modification-rajout par rapport à l’édition précédente : au lieu d’une simple montée jusqu’au col de Sarenne, on fait un détour par la Croix de Cassini, qui rajoute 500m de D+ raides, et 500m de D- particulièrement techniques, au point que l’organisation a installé quelques cordes. Il faut rajouter en gros 1h de course par rapport à l’an dernier, donc aussi à mes objectifs (15h30 déçu-15h normal-14h top)

 

Le moral est au beau fixe, je gère la course comme je l’avais prévu ; des douleurs « normales » commencent à apparaître au terme de cette descente de plus de 1000m qui nous amène au ravitaillement km 44.

J’y passe un peu plus de temps pour m’alimenter, parce que même si tout est en apparence sous contrôle, j’ai un sujet d’inquiétude lié à mon alimentation : depuis le départ j’ai du mal à avaler mes petits cakes. C’est récurrent depuis quelques temps, mais jamais à ce point-là.

Le problème aujourd’hui, c’est que je ne m’alimente quasiment qu’aux points de ravitaillement avec des tronçons de bananes, et quelques morceaux de fromage que j’avais emportés. Les raisins secs ne passent pas non plus…en fait tout ce qui a un goût sucré.

En résumé, je suis en déficit calorique et glucidique flagrant. Mais pour l’instant ça passe.

Mon entrainement porte ses fruits, je résiste bien, et les petits coups de mou sont compensés mentalement.

Km 65, le plus dur est fait, montées et descentes. Restent « seulement » 20km.

 

Je repars de ce ravitaillement fatigué, mais pas plus que la moyenne : des concurrents que je côtoie depuis le départ, plusieurs abandonnent à ce moment-là. Je suis toujours dans les 20 premiers.

C’est à partir de maintenant qu’il va falloir souffrir, mais le tout est de maintenir un minimum d’allure, sur un profil moins compliqué, alors je suis confiant.

Je bataille, je suis obligé de me booster régulièrement (en pensant à ma famille, aux encouragements reçus ces derniers jours, ou tout simplement en me mettant un coup de pied aux fesses), et mon plan se déroule sans accroc…

Jusqu’au km 70 : d’un coup, dans un sous-bois plat et pépère, mon corps dit « stop ».

Petite pause, je prends et recrache un petit cake, quelques assouplissements qui sont subitement plus une torture qu’un bienfait…je me force à repartir, mais l’allure chute…ça va passer, me dis-je pour me rassurer, et j’essaie de faire le dos rond jusqu’au km 75, le dernier ravitaillement.

 

Les écarts étaient tels que je n’ai perdu que 5 places pendant ces 5 km pénibles et lents. Malgré cela, je reste malgré tout sur les bases d’un 13h30-14h meilleur que mes prévisions les plus optimistes…mais je sais que je ne tiendrai plus le rythme.

Les secouristes me déconseillent de repartir…inenvisageable pour moi.

J’ai peur de ne pas pouvoir repartir si je traine trop, alors je mange ce que je peux, vide dans la poubelle le monceau de cakes qu’il me reste, recharge mes réserves d’eau avec du sirop de citron pas trop sucré, j’emmène 2 bananes entières.

 

Et le calvaire commence…je vais mettre plus de 3h pour terminer les 10 derniers km.

Je ne cours plus du tout, la marche étant elle-même douloureuse. Mode « sauvegarde » activé, je me bats pour finir. Le moral en a pris un sacré coup aussi.

Je dé-serre les chaussures tellement mes pieds sont douloureux, Je suis arque-bouté sur mes bâtons en descente pour soulager mes pieds-chevilles-genoux, trapèzes et lombaires sont raides, je n’ai plus de bras non plus, le souffle est court en permanence au point de me contraindre à des pauses régulières même sur le plat. C’est interminable.

Je dois vraiment faire appel à tout et tous pour ne pas céder, à 5km du but, aux sirènes de l’abandon, après avoir fini une banane, et l’avoir régurgitée aussi.

Les concurrents me doublent maintenant à la pelle (de mon parcours et aussi du parcours de 40km), beaucoup ont un petit mot d’encouragement. L’un d’entre eux traine même avec moi pendant 5 minutes, me donne de l’eau pure puisque mon sirop de citron ne descend plus non plus.

Je passe la ligne en 45è place, en marchant et tremblant de fièvre. 15h20, proportionnellement, ce n’est même pas plus mauvais que l’an dernier…mais très décevant quand même. Dommage pour la tournée générale, elle a tenu la corde pendant longtemps…

Le speaker s’est apparemment renseigné, trouve mon temps d’arrivée peu conforme au THP Tour et à mes temps de passage…Bon sang, même après la course il faut faire un effort… Je réponds laconiquement que j’en ai bavé dans les 15 derniers km, et remercie l’organisation pour ce parcours magnifique.

 

A+

Nicolas

 

Vue du plateau d’Emparis (km 50) : La Meije et ses glaciers


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