mardi 31 août 2010

Le Grand Raid des Pyrénées

Le temps est venu de bousculer un peu ce blog de « sportifs » assis, ces pseudo golgoths persuadés que le port d’une peau de chamois fait d’eux des animaux des montagnes !
Et oui, il existe d’autres droles de personnages parcourant les montagnes sur un mode sportif dans des épreuves en lignes, portant le nom barbare de traileurs.
Mon cher frère-aux-pieds-palmés ayant commencé à parler de mon trail du WE dernier, j’entreprend donc d’en faire un petit compte-rendu.
Cette course, comptant 160 km et quasiment 10000 m de D+, sur des terrains globalement difficiles, représente un défi pour moi. Elle a la réputation d’être splendide, mais d’être aussi la plus difficile des épreuves chronométrées hexagonales. Je ne peux donc avoir a priori d’autre objectif que de tenter de la terminer et il convient que je programme ma saison pour me mettre en situation d’en être capable.
Pour ça, je choisis une démarche loin d’être majoritaire, mais semblant convenir à merveille à mon mode de fonctionnement : un volume d’entraînement moyen plutôt faible (40 à 50 km hebdo en moyenne depuis le début d’année) mais condensé sur des périodes restreintes. En gros, empiler de grosses charges sur un ou plusieurs jours - rien de tel que le surentrainement en quelques sortes - suivies de la période de repos nécessaire à une bonne récupération et à l’obtention du phénomène de surcompensation (réparation des dommages musculaire et renforcement des fibres). De Mars à Août, ça donne une course de 80 km, un stage de 5 jours (3 de vélo, 2 de trail), un « week-end choc » avec 4500 m D+ en deux jours, une deuxième course de 100 km et 6400 m D+ dans le Verdon, et un dernier « Week-end choc » avec 100 km et 6000 m D+ en 3j 5 semaines avant la course. Le reste du temps : beaucoup de récup’ et assez peu d’entrainement.
Ma préparation terminée, j’arrive dans les pyrénées frais et avec une motivation au top. Un voyage depuis Paris en train de nuit, une journée relax au camping, et enfin, voilà le départ attendu depuis des mois. Il est 5h ce Vendredi matin, la météo s’annonce bonne pour la durée de la course, et nous nous encourageons entre traileurs avant d’affronter ce monument de la course à pied. Le départ à la lampe frontale me semble extrêmement rapide et je choisis de ne suivre que ma propre allure, qui pour l’instant est celle de jambes réveillées depuis à peine plus d’une heure ! Je cherche de toute façon à éviter à tout prix un démarrage à une vitesse excessive, les premières heures étant déterminantes pour la réussite de la course : peu de temps à gagner, mais tout à perdre ! Finalement, des soucis gastriques précoces et les nausées en découlant me limitent à aller plutôt doucement, mais c’est la manière la plus raisonnable qui soit. J’en profite donc pour discuter un peu avec les quelques coureurs autour de moi et pour admirer les paysages. Et là, je comprend pourquoi je suis venu. Après le col de Portet, c’est l’entrée dans l’univers pyrénéen rêvé : un monde minéral et sauvage, une succession de lacs de montagnes à perte de vue, et la journée à s’en mettre plein les yeux. La course se poursuit donc avec enthousiasme. Un grande descente au milieu des lacs, suivi d’une longue montée et nous arrivons au pic du midi de Bigorre, point culminant de la course.
Nous en sommes au 40è km (3600 m D+) et la course vient à peine de commencer. Ca tombe bien, je me sens encore en pleine possession de mes moyens. Je profite d’un ravitaillement pour manger un morceau, retartiner les pieds de crème antifrottements, et refaire le plein du camelback avant une portion longue en plein soleil que la lecture du road book m’a fait redouter. J’ai été plus que prudent jusque là, et cette stratégie commence à payer. J’enchaîne facilement la succession de montées et descentes et je commence ma remontée au classement. J’étais 51è, et me voila remonté progressivement jusqu’à la 26è place à la base-vie de Villelongue au 73è km. Une base-vie, c’est un endroit fabuleux, on sort de 12 h d’efforts en montagne et on se retrouve dans une salle chauffée avec des tas de bénévoles au petits soins qui apportent des plats de pâtes, de la charcuterie et de la soupe aux vermicelles ! C’est formidable, mais il ne faut pas trop s’y attarder : après un quart d’heure, il est temps de repartir.
J’avais considéré qu’à ce stade de la course, j’aurais de quoi être fixé sur la possibilité d’aller au bout. En repartant, je me sens au top et le moral est au beau fixe. Bien mieux, en entamant la montée de 1700 m de D+ sur le col de Contente, on est quasiment à la moitié et j’ai l’impression d’avoir mes meilleures jambes depuis le départ ! Je me méfie un peu au début et commence même à m’inquiéter quand je remonte comme un avion sur deux autres traileurs que je laisse sur place, mais la chose se confirme dans la suite de l’ascension que je poursuis à environ 1000m de D+ à l’heure : au bout de plus de 12 h de course, c’est incroyable, je réalise la montée dans les mêmes temps que les premiers. C’est donc ça qu’on appelle l’état de grâce !
Je rattrape alors un coureur avec qui je passerai mes dix prochaines heures de course. Nous sympatisons immédiatement et ce sera un allier précieux pour passer la nuit. Nous rattrapons ensemble dans la descente un autre traileur visiblement dans le dur, l’encourageons, le dépassons, le laissons loin … et le voyons finalement un quart d’heure plus tard ressortir devant nous dans un lacet du sentier !!! Nous le redépassons, le relaissons sur place … et le retrouvons devant nous quelques hectomètres plus loin. Il connait visiblement le coin comme sa poche et coupe dès qu’il le peut et parvient à gagner énormément de temps, qu’il perd par ailleurs à la course. Nous ne sommes pas particulièrement focalisés sur le résultat, mais finissons quand même un peu écoeuré par ce qu’il convient d’appeler un tricheur (j’imagine bien sur une cyclo l’effet que ferait un gugusse prenant des raccourcis !!!) et lui expliquons ce que nous en pensons en le reprenant une énième fois. Ce sera heureusement le seul gros naze rencontré pendant l’épreuve, la solidarité et le fair play étant ce qui prédomine chez les autres !
Je continue de conserve avec mon nouveau pote, une grosse montée, une descente apocalyptique hors entier avec des devers de folie et des chutes à répétition, et enfin, la deuxième base-vie à Luz-Saint-Sauveur, 120è km. Je sais alors que la partie est gagnée. Je sais maintenant que je finirai, quoi qu’il arrive. Mes montées de folie m’ont amené à la 13è place et je comprend aussi que quelque chose d’énorme est en cours. Mais c’est néanmoins le début de la portion la plus difficile. Nous sommes au milieu de la nuit, il fait froid, la fatigue et les douleurs sont maintenant bien là et il reste 8 ou 9 heures avant l’arrivée ! Nous ressortons dans l’obscurité et c’est reparti. L’état d’esprit n’est plus le même qu’aux heures ensoleillées, la nuit est quelque chose que nous devons affronter et chaque kilomètre parcouru est une conquête. Nous poursuivons néanmoins avec obstination et atteignons le ravitaillement suivant. En repartant, je m’arrête brièvement pour m’habiller un peu plus et mon compagnon part devant, me sachant plus à l’aise en montée. Sauf que quand je redémarre, je n’y suis plus, je suis épuisé et la progression me devient extrèmement pénible. Ca fait 24 h que j’avance, dont 8 h de nuit, il reste 1h30 avant le prochain lever de soleil, et le mental flanche en même temps que le reste. Un concurrent me double, m’encourage et me donne ce qu’il faut pour les coups de mou me dit-il, à savoir un peu de coca qu’il a dans une bouteille ! Ca me remonte un peu le moral et je m’accroche, bien décidé à me battre jusqu’au bout.
Enfin, le jour se lève et l’arrivée se profile à 20 km. Les mucles sont douloureux, les ampoules aux pieds me lancent à chaque pas, mais je ne vais pas rendre les armes maintenant et je cours dès que le terrain me le permet. Après des pierriers interminables, j’atteinds le dernier ravitaillement, j’attaque la dernière montée ou je mets un point d’honneur à montrer à des randonneurs essayant de lutter qu’un traileur, même en bout de course, ça avance quand même trop vite et c’est la dernière descente. 12 km et 1400 m de D- et j’ai mal partout. Je sais par contre qu’il m’est encore possible de faire moins de 30 h et je n’ai aucune envie de perdre la moindre place maintenant et je me lance à fond. Je vais aussi vite qu’il m’est possible, j’essaie de n’écouter ni mes cuisses ni mes pieds et la distance me séparant de la ligne se réduit. La ville d’arrivée apparaît au loin et les chemins deviennent roulants. L’euphorie l’emporte désormais et courir vite ne pose plus de problème, et c’est ce que je fais jusqu’à l’arrivée.
La banderolle est franchie, je réponds au speaker et je savoure pleinement le résultat : je finis 11è en 29h45, jamais je n’aurais espéré un tel résultat !
L’épreuve aura tenu toutes ses promesses, magnifique et très difficile. Le nouveau parcours a surpris par sa difficulté – ça se gagne en 4 h de plus que l’an dernier – et les abandons sont nombreux : plus de 300 sur 650 partants. Pour ma part, le défi est réussi et je profite quelques temps de l’aura que mon résultat me confère parmi le petit monde l’ultra : une fois n’est pas coûtume !
Maintenant, il me reste à rentrer à la maison en une journée de train, et à reprendre les Kcalories dépensées pendant l’épreuve, ce qui rique de prendre plus de temps ! Et oui, c’est aussi ce que j’aime dans l’ultratrail, c’est qu’après, un poulet, ça fait même pas pour un, ou alors à condition de l’accompagner par autre chose !

Vincent

dimanche 29 août 2010

Vercors-Drôme 2010

Romans-sur-Isère
175km, 3400m D+
5h28 (31,9km/h)

A mon avis une des plus belles cyclosportives de France, tant les paysages du sud-Vercors peuvent être grandioses !
Une des plus intéressantes aussi, de part la difficulté du parcours
Et une des plus intéressantes pour Julie également, en raison de la présence de Marque Avenue et de ses nombreux magasins d'usine
Sans parler des ravioles et des pognes !

Depuis la veille au soir il fait chaud et lourd, est-ce pour cela que mon coeur est très haut sur la ligne de départ (près de 100bpm debout à l'arrêt !)
La pression que je me suis mise tout seul est responsable également : je veux bien figurer, et je suis anormalement fébrile !

1000 participants au départ, les 3 parcours confondus (80, 140 et 175km)
Le 80km bifurque après le premier col, le 140 au bout de 110km
Conclusion, le rythme est rapide car plus le parcours est court, moins il est nécessaire de gérer
Et il faut bien suivre car il n'est pas possible de savoir qui fait quoi...et pas question de laisser filer des concurrents du 175 sans moi

Je me sens bien, quoique mes sensations ne sont pas excellentes, et je me fais violence pour rester dans le groupe de tête, qui réduit de km en km...De 40 au sommet du premier col, nous sommes une quinzaine au km 110, au moment où le parcours de 140km nous quitte
Pour en arriver là, il a fallu que je me désosse plusieurs fois, en côte pour suivre ou revenir après un passage plus difficile, sur le plat pour revenir après une descente mouillée...bref, souvent mon coeur flirte avec mon seuil anaérobie (178bpm)
Signe de ma bonne forme et que le niveau est relevé, Jean-Pascal Roux, valeur référence, est à la peine également, et capitule même avant moi

Au km 110 donc, nous nous retrouvons subitement à 8...un 9è concurrent, seul devant depuis un bon nombre de km (costaud le bougre !) a peut-êre bifurqué sur le 140...peut-être
Parcourir les plateux du Vercors à 50km/h me fait mal aux pattes...je pensais qu'entre chaque côte on pouvait espérer récupérer un peu, mais Genthon, Gilly, Phanon, Merle et Chavanon en ont décidé autrement

Alors lorsque dans une descente il me faut pédaler à fond à plus de 70km/h pour rester au contact, c'en est trop : rien de technique, c'est tout simplement que je n'ai pas de pignon assez petit !!!
Nous sommes 3 dans cette situation
Tout est à peu près clair : (1) puis 5 puis nous 3

Je suis usé et je laisse ensuite partir mes 2 compagnons dans le dernier col (dont Sébastien Malfait, qui avait terminé 6è de la Bourgui...et moi 7è...la logique est respectée de manière presque mathématique !!!)
J'accuse 1'15 de retard sur eux au sommet

Il ne reste "que" 30km de descente puis de faux-plat montant puis descendant, et pourtant je passerai la ligne près de 5 minutes arès eux, en raison du vent violent de face qui transforme cette fin de course facile sur le papier en véritable enfer !

9è donc, peut-être 8è, et 7è d'après les organisateurs, qui ont dû oublier qq'un en route ;-))
A moi les ravioles, je les ai bien méritées !!!
Le mois d'Août se passe bien. Après une 7è place à le Bourgui, 20è au tour de l'Ain, une nouvelle place dans les 10 premiers ici !
Reste le Raid du Bugey la semaine prochaine pour finir la saison (de vélo) en beauté !

Un week-end bien réussi pour les frères Jandard d'ailleurs, car Vincent est allé faire le Grand raid des pyrénées (c'est pas du vélo c'est du Trail):
Il s'agit de l'équivalent pyrénéen de l'Ultra-Trail du Mont Blanc, probablement en plus dur car les chemins sont plus cassants : 160km pour près de 10000 m D+ !!!!!
Vincent, dixit "Guy Roux", y est allé "pour participer"
Bilan : il réalise l'exploit de terminer en 29h45 à la 11è place (à seulement 3h du vainqueur) !!!!
Imaginer le nombre de calories dépensées me laisse rêveur ;-))

Nicolas

dimanche 15 août 2010

Compte-rendu du tour de l'Ain (étape 4)

4è étape du tour de l'Ain : 128 km, 1200m D+

Le tour de l'Ain se déroule sur 4 jours. Les cyclosportifs empruntent les mêmes parcours que les professionnels, quelques heures plus tôt
Il est possible de ne participer qu'à une partie des étapes. Les 3 premières ne m'intéressant que modérément (la première est par exemple toute plate) et n'ayant pas l'intention de m'aligner pour le classement général, je ne participe donc qu'à la dernière étape, qui est la plus difficile.

Le parcours est relativement plat pendant les 65 premiers km, puis 2 petites côtes servent de contreforts au col du Grand Colombier (13km avec des passages à 14%). le sommet est situé au km 91; restent alors la descente vertigineuse et technique, puis une vingtaine de km de plat.

"Stratégies" possibles :
- J'attend le pied du Grand Colombier, puis je fais du mieux possible, sachant que je ne pourrai pas suivre les meilleurs...un peu attentiste
- Je prends de l'avance avant le pied du col, sans trop forcer si possible...beaucoup plus aléatoire mais amusant à tenter !

Le départ est donné à Culoz. Le peloton part sur un rythme élevé, et tout de suite les attaques fusent, sans être très productives. Je reste aux avant-postes sans me découvrir, car à tout moment l'une d'entre elles peut faire mouche, et j'ai très envie d'en faire partie !!

Km 20, à la faveur d'une petite côte sur une route étroite, nous sommes 12 coureurs à nous dégager. Parmi nous, Jean-François Pessey et Nicolas Fritsch, 2 très grosses pointures.
Le rythme sera élevé jusqu'au km 65, pied du premier contrefort du Colombier (près de 39km/h de moyenne !)...Moi qui ne voulais pas trop forcer, c'est raté ;-)
Pessey et Fritsch s'envolent alors, tandis qu'un groupe de 25 coureurs nous rejoint.

J'accuse le coup, ayant du mal à suivre dans les 2 "contreforts", puis dès que les premières rampes du Grand Colombier arrivent, je me mets à mon rythme...inférieur à celui des autres
Je reprends ensuite quelues concurrents et passe le sommet en 20-25è position environ.

Descente : c'est pentu, bosselé et très technique...Je me fais doubler par un certain nombre !!
Rien à faire, j'ai fait des progrès en descente, certes, mais là j'ai atteint mes limites !!!

Dans les premiers km de plat, je mets les mains en bas du guidon à 45km/h et je reprends les un après les autres 3 groupes de 3 ou 4 coureurs, les mêmes qui m'ont largué dans la descente.
Il y a là Sylvain Oskwarek et Martial Babytcheff (les mêmes qu'à la Bourgui) ainsi que Sébastien Gissinger notamment...La preuve que je suis à ma place et que je m'en sors bien, étant donnés les efforts fournis en début de course...

...La preuve aussi que cette course est très relevée, car nous arrivons à 10-12 pour la 18è place "seulement".
Pour une fois je fais le sprint et le termine en 3è position, devant Oskwarek mais derrière Babytcheff.
20è au scratch donc, à 15 minutes environ des 2 premiers, Pessey et Fritsch, qui non seulement ne se sont pas fait reprendre, mais ont creusé les écarts jusqu'au bout !

Pour en revenir aux 2 premiers :
3h37 pour le vainqueur, Jean-François Pessey, qui arrive 3 minutes avant Nicolas Fritsch...
3h15 pour le vainqueur chez les professionnels, qui ont roulé en peloton pendant les 65 premiers km, se sont tirés la bourre dans le Grand Colombier, ont eu la route ouverte dans la descente et étaient en groupe pour les 20 derniers km.
Pessey et Fritsch, eux, ont roulé dans un groupe de 12 seulement (dont moi, et maintenant je comprends pourquoi ça me faisait mal aux pattes !), puis seuls, ce qui les place à mon avis au même niveau que les pros !!! Sacrée performance !

Prochaine épreuve au programme : La Vercors-Drôme le 28 Août !

Nicolas

lundi 2 août 2010

Compte-rendu de "La Bourgui" 2010

La Bourgui, 1er Août 2010
123km, 3250m D+
Les Ménuires (73)

Cette cyclosportive est bel et bien alpine, comme son nom ne l'indique pas...puisqu'il vient du nom de l'ancien coureur professionnel Thierry Bourguignon
Le départ est donné aux Ménuires, en descente jusqu'à Moutiers, puis le parcours comporte 3 difficultés : montée sur Naves (13km), montée sur Doucy (Valmorel, 12km), puis retour aux Ménuires (23km)
La vallée de la Tarentaise donc, avec des montées vers des grandes station, mais néanmoins de nombreuses très belles petites routes secondaires empruntées, pour un très beau et difficile parcours !

Indices sur mon état de forme :
La Marmotte m'a été très bénéfique (dommage pour elle)
J'ai eu cette semaine une impression de facilité que je n'avais encore jamais connue en côte

Descendre à 70-80km/h avec quelqu'un à côté de moi n'étant vraiment pas ma tasse de thé, je suis distancé du groupe de tête dès la première descente sur Moutiers... Tout compte fait, le côté habituel de cette situation me fait sourire, car cela m'arrange presque : je ferai la première ascension à mon rythme et non en sur-régime, et la minute perdue ici ne pèsera plus rien à l'arrivée !

Nous sommes un groupe d'une vingtaine au pied de la montée sur Naves, groupe qui se morcelle très vite. Je suis en gros au milieu, je sens le vélo "léger" entre mes mains, le coup de pédale est facile, et pourtant je n'ai pas l'impression de monter vite malgré l'essouflement et le coeur plus haut (175-179bpm) que ce que je voulais (170)...
Toujours est-il que je remonte les concurrents petit à petit, d'abord tous ceux de mon groupe, puis, bonne surprise, quelques autres du groupe de tête, dont Martial Babytcheff, Thierry Bourguignon et Didier Miranda ! Si je les ai repris, c'est donc que je suis monté assez vite, finalement !
"Tu nous as fait mal à la gueule dans les 2 derniers km" me dira même Didier après l'arrivée
Nous sommes alors une bonne dizaine au sommet, derrière ce qui reste du groupe de tête

Descente sinueuse, étroite et très cabossée...je concède une vingtaine de secondes à mon groupe, que je reprends sur le plat assez rapidement...j'espère que ces efforts ne vont pas peser dans la balance

Montée sur Valmorel : Rapidement le groupe explose, Martial est lâché, Thierry Bourguignon aussi. Je suis quelques dizaines de mètres derrière 3 concurrents. Seul Sylvain Oskwarek (ancien excellent coureur 1ère catégorie, agé maintenant de presque 50 ans !!!) s'est envolé. Il commence à faire chaud et je ne suis pas serein dans la roue de Didier...
Mais personne n'est serein en fait. Didier profite d'un passage moins raide pour accélérer afin de rejoindre les 3...j'ai mal mais je tiens et lorsqu'il baisse le pied, j'arrive même à caser une deuxième accélération sur le 39x17 pour recoller
Mince, Didier n'a pas suivi...
Je tiens dans la roue des 3 quelques km, puis contre-coup des accélérations je suis lâché
Je perds peu, tout au plus 100m, et je reviens en passant en mode puissance sur le gros plateau dans un replat
Puis je suis lâché alors que c'est plus raide
Puis je reviens, sur le gros plateau, sur le replat proche du sommet
Non mais !!
Dommage pour Didier, il nous a en ligne de mire

Descente, même pas lâché !

Et c'est parti pour les 23 km d'ascension jusqu'aux Ménuires
Lâché dès les premiers km par les 3, je suis encore 13è !
Je ne m'affole pas, la montée est longue...encore une fois je n'ai pas l'impression de monter vite...mais les écarts augmentent peu et les pourcentages ne sont pas...anodins
Photo de Madame Edith Miranda
De l'eau, je m'arrose pour refroidir le moteur
Je commence à accélérer...
Je gère les passages raides et j'y vais plus franchement quand ça monte moins, je passe le grand plateau sur les replats (la montée est assez irrégulière)
A ce rythme, je reprends les 3, ainsi que plusieurs autres de l'ex-groupe de tête !
La fin est plus roulante, je termine à fond, distançant de 2 minutes en 4 km le dernier concurrent repris

4h 33 !!!
7è !!!

Julie est sur la ligne d'arrivée, et n'y croit pas non plus ! J'avais prévu d'arriver en 5h !
Et c'est la première fois que je termine dans les 10 premiers une cyclosportive alpine !
Seulement 20 minutes après le vainqueur, et avec devant moi des noms comme Ougier, Périllat, Ostian, Oskwarek !
Didier confirme, ça vaut largement moins de 7 heures à la Marmotte
Alors...A l'année prochaine, toi la Marmotte tu ne perds rien pour attendre

Nico