samedi 19 mai 2018

THP 2018

Ultra de Lure 2018
12 Mai 2018
77km - 3600m D+ - 3600m D-

Profil de l'épreuve:
La montagne de Lure, cousine du Ventoux : elle en est assez rapprochée et lui ressemble beaucoup, avec notamment le même paysage lunaire au sommet. Paysages magnifiques en perspective, tout au long d'un parcours prometteur.
Côté forme du jour, je suis inquiet: l'entrainement a été efficace, j'ai un bon rythme, mais cette bronchite que je traine depuis près d'un mois a bien diminué ma VO2max. Les 2 petits trails récents de 13 et 11km semblent montrer que tout est en train de rentrer dans l'ordre progressivement, alors espérons que les 6 jours entre le dernier des deux et cet ultra auront été suffisants pour récupérer toutes mes capacités d'oxygénation. Côté fatigue, ce ne sera pas parfait: j'en veux pour preuve cette régulière sensation de sommeil en début d'après-midi, qui me conduit à faire une sieste la veille du départ.
Quoiqu'il en soit, Julie va gérer toute seule la tribu des 3 gremlins, alors j'aime autant vous dire que je ne vais pas faire le déplacement pour rien. Abandon interdit.

Départ à 5h à la frontale. Je suis en tête de la course pendant les 150 premiers mètres, puis je cède la place bien volontiers aux concurrents qui souhaitent passer...J'aperçois Julien Chorier (double vainqueur de la diagonale des fous, de la Hard Rock dans le Colorado, etc, etc, bref, professionnel de toute première classe mondiale), alors il est assez facile et évident de céder.

J'essaie justement de ne tenir compte que de mon allure, que je veux absolument en dedans, et non de me faire embarquer dans un rythme qui ne serait pas le mien et qui m'entrainerait à la catastrophe.
Je remarque simplement qu'une bonne trentaine de concurrents m'ont dépassé, ce qui me fait me dire que la densité du plateau du jour doit être particulièrement élevée !

Je parcours les 15 premiers km avec des sensations assez légère, ce qui est bon signe. Je suis avec un petit groupe de 4 ou 5, que je lâche dans la descente juste avant le ravitaillement du Rocher d'Ongles, descente en souplesse, autre bon signe pour la suite.

Je ne m'arrête pas vraiment à ce ravitaillement, juste le temps de boire un verre cul-sec, et je continue tranquillement (35è position).
Peut-être un peu trop tranquillement, parce que je dois rêvasser pour rater les rubalises qui envoient dans un petit sentier à gauche...J'arrive rapidement dans une cour de ferme, cherche les rubalises...ok, demi-tour...5 minutes de perdues tout à fait bêtement. Mon petit groupe est devant moi maintenant.

Je gère très tranquillement le tronçon suivant jusqu'au ravitaillement de Lardiers (km23): de longs faux-plats usants, dans lesquels j'alterne course et marche. Je perds logiquement quelques places.
Juste un verre au ravitaillement, et c'est parti pour la très longue ascension jusqu'au sommet du Contras, le premier sommet de la montagne de Lure. 8 km qui vont crescendo.
Le début n'est qu'un gros faux-plat, et je perds encore quelques places (avec celles que j'ai perdues, des concurrents me doublent encore sur un rythme plus que correct...je ne suis clairement pas dans un mauvais jour, alors l'hypothèse d'un niveau global très élevé se confirme).
Puis, la pente s'accentuant, je ne perds plus rien, et regagne même une ou 2 places à l'approche du sommet (km31), que je ne passe qu'à la 56 ou 57è place !

Le prochain tronçon permet d'arriver jusqu'à l'autre extrémité du sommet de Lure (les Antennes, km46). 15km en dents de scie, sur des sentiers plus techniques et plus raides, aussi bien sur les parties montantes que descendantes. On ne suit pas la ligne de crêtes, et l'air de rien cette partie représente 1000m de D+. Je suis plutôt à l'aise, toujours relativement souple, je traverse une bonne période, et regagne pas mal de places, puisque je franchis le sommet en 45-46è position. Les jambes commencent quand même à être dures dans les montées, suite à quelques petites crampes ressenties dès l'ascension du Contras.

Une alerte cependant, puisqu'aux alentours du km 42 je dois m'arrêter dans les fourrés, exigence de mes intestins. Ca, c'est un signe de fatigue, mais qui arrive bien tôt ! Une manifestation de cette fatigue d'avant-course pas totalement éliminée. J'ai aussi du mal à m'alimenter en solide...

La descente qui suit fait près de 7 km, jusqu'au ravitaillement du km53 (Pierrefeu). Un chemin large et caillouteux dans son ensemble, que je trouve facile, mais apparemment pas au goût de tout le monde, puisque je regagne 10 places ! Sans vraiment attaquer, mais sur un rythme soutenu.
Revers de la médaille, mes jambes sont maintenant vraiment dures. Je prends de nouveau un ravitaillement express, plutôt liquide parce que le solide ne passe plus, hormis quelques carrés de chocolat qui fondent avec une gorgée. Je repars 35è.

Quelques montées et descentes peu raides et peu techniques jusqu'au ravitaillement du km 64 à St Etienne les Orgues. Un tronçon assez soft. Mes jambes sont raides, mais je me fais violence et garde un rythme correct et légèrement plus rapide que les concurrents qui m'entourent...lorsque je ne suis pas dans les fourrés à les regarder repasser. 3 arrêts "intestinaux" sur ces 11km, font qu'au global je reperds une bonne partie des places chèrement gagnées, et que je commence à me sentir...vidé.

Je bois beaucoup au ravitaillement, embarque avec moi des carrés de chocolat (il n'y a plus que cela qui passe, même s'il me faut un moment pour avaler un carré), et effectue les 13 derniers km assez lentement, quoique pas plus lentement que les autres concurrents parce que je trottine encore régulièrement quand ça ne monte pas, et parce que je reste plus rapide en descente, même si j'ai maintenant 2 jambes de bois.
Un ultime arrêt "fourré" me fait encore perdre 3 places d'un coup (incroyable qu'à ce moment de la course, un arrêt de 3min me fasse perdre 3 places !!).
Le miracle pour effectuer les 4 derniers km : un gel énergétique tombé au sol, échappé par un concurrent précédent, non entamé ! Je le récupère et l'avale.
Je franchis la ligne 50è, mais dans un temps très correct de 10h47', qui pour comparaison (et pour me rassurer) m'aurait placé 15è l'an dernier. Incroyable densité de concurrents, peut-être due à un parcours superbe et une organisation sans faille : manquait juste un haut-parleur pour m'empêcher de me gourer !

Nicolas


















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